Bayan Akkari a 19 ans, et si elle avait les moyens, elle aurait changé le monde.
Grande mince et sûre d’elle-même, Bayan Akkari estime que les femmes c’est toute la société et non la moitié. «Ce sont elles qui élèvent les enfants, filles et garçons. Elle sont donc responsables du regard que toute la société pose sur les femmes», explique-t-elle.

Bayan Akkari a participé à de nombreuses activités de CARE international au Liban, des cours de self défense et de danse pour permettre aux jeunes filles à etre plus conscientes d’elle-même. Ella aussi bénéficié de cours de remise à niveau scolaire et participé à une pièce de théâtre.
Bayan a surtout aimé les cours de zumba et le théâtre. Elle a présenté une pièce dans diverses villes du Liban dans le cadre des activités menées par CARE. Elle a joué le rôle d’un garçon qui devait être à la hauteur des attentes de sa famille et de la société.
«Grâce à cette pièce de théâtre et au travail qui nous avons effectué, j’ai compris que les garçons aussi sont les victimes de la société, que comme les filles ils sont élevés dans les préjugés qui sont difficiles à briser», raconte-t-elle.
«Mais il est temps que cela change et nous pouvons le faire en commençant un travail de sensibilisation auprès de toutes les couches de la société. Il faut soutenir les filles et les femmes, leur donner plus confiances en elle-même», ajoute-t-elle.
En écoutant Bayan, qui a six frères et sœurs, il est difficile d’imagier que cette fille a à peine 19 ans. Originaire de la ville de Homs en Syrie, Bayan est arrivée à Tripoli la capitale du Liban nord en 2012, elle avait 10 ans. Fuyant les bombes, elle a surtout été encouragée par sa mère à suivre des études et faire des activités et qui ne voulait pas que ses filles quittent l’école et se marient jeunes comme elle l’avait fait.
Au début il a été difficile à Bayan de s’adapter à la vie au Liban, de se faire de nouveaux amis, d’aller à l’école. Mais elle a fini par réussir en repartant à zéro.
Aujourd’hui, Bayan Akkari suit des cours de programmation informatique, où elle est la seule fille en classe.
«Je voulais devenir pilote de ligne, mais en fin de compte c’était irréalisable. Je suis une réfugiée et au Liban seuls les Libanais peuvent faire ce métier et intégrer la compagnie aérienne nationale. J’ai donc changé de plan», raconte-t-elle.
La jeune fille n’a pas la vie facile. Avec la crise économique qui touche le Liban et le confinement du coronavirus, il est difficile pour Bayan de suivre les cours en ligne car elle n’a pas d’ordinateur et le fait en partageant avec ses frères et sœurs le téléphone de sa mère dont l’écran est tout petit. Parfois aussi, elle se sent coupable vis-à-vis de sa mère car se rendre à l’institut où elle suit ses cours nécessite de prendre les transports en commun et elle sait que sa famille se prive pour lui assurer la somme nécessaire.
«J’aimerai pouvoir poursuivre mes études, peut-être même pouvoir faire un autre diplôme en droit pour défendre les femmes et instaurer vraiment les bases pour lutter contre la discrimination basée sur le sexe», souligne-t-elle.
«Dans l’avenir, je voudrai avoir un métier qui rapporte de l’argent, être indépendante, avoir une maison, m’occuper de ma famille et peut-être ensuite penser à me marier», dit-elle.
Bayan Akkari aime aussi la lecture. Et c’est sur le téléphone portable de sa mère à l’écran minuscule qu’elle télécharge des livres qu’elle lit en arabe. Son auteur préféré est Albert Camus et son livre culte L’étranger. Elle aime Meursault, l’antihéros qui a commis un acte gratuit et même le jour de son exécution il a voulu défier le monde.
Bayan Akkari n’a pas appris le courant existentialiste à l’école, elle a juste découvert le livre et s’est mise à lire d’autres romans et essais de l’auteur.